Depuis le 14 novembre 2023, les FAMA et les mercenaires russes Wagner ont investi la ville de Kidal. Les habitations des habitants ont été saccagées et d’autres ont été rasées au bulldozer. Les boutiques des commerçants sont systématiquement pillées, certains commerçants sont kidnappés ou exécutés.
Dans les maisons privées, tous les appareils électroménagers sont confisqués par les « forces de police » et le reste est pillé par des travailleurs à domicile venus du sud du pays. La ville est bouclée et les arrestations et disparitions sont quotidiennes.
C’est ainsi que deux mois après son arrestation, le corps sans vie d’un vertueux enseignant à la retraite : Tita Ag Backrene, ainsi que deux de ses compagnons ont été retrouvés jetés aux abords de la ville de Kidal. Tita est connu de tous pour sa loyauté, sa dignité et son ouverture d’esprit ; il n’a jamais fait partie de groupes armés. Leurs bourreaux n’ont même pas pris la peine de les enterrer.
Quelques jours plus tard, c'était au tour d'un honnête citoyen, Attakara Ag Atlagh, d'être exécuté sur sa moto avec 3 de ses compagnons dont les corps désintégrés ont été retrouvés en plein air à Aghelhek au sud de Kidal. Attakara est le principal vendeur de carburant de la ville, sa courtoisie et sa disponibilité sont reconnues de tous.
Des colonnes de véhicules blindés offensifs et destructeurs, appuyées par des drones turcs, sillonnent les pâturages du désert. Ils pillent les sites d’installation des nomades, détruisent les châteaux d’eau et exécutent sommairement les hommes et les animaux qui s’y trouvent.
C'est ainsi qu'ont été assassinés deux leaders d'opinion de la ville de Kidal à Amacine, Ahmed Ag Hamzatta et Lamine Ag Bissada. L'horrible expédition menée début juillet dans le cercle d'Abeybara a fait plus de 60 victimes, dont des Doussahak réfugiés dans la zone suite à leur persécution par des groupes extrémistes dans leur région d'origine.
C'est au cours de cette expédition qu'ils ont assassiné Ghissa Ag Mahamad Ag Qassi, un pauvre homme qui ne voulait faire de mal à personne. Le désarroi est total, presque tous les lieux d'apprentissage culturel et religieux ont été dépouillés de leurs terres ancestrales pour être contraints à l'exil aux confins des frontières des pays voisins.
De mémoire d’existence, un tel événement ne s’est jamais produit dans notre histoire. Les localités de Takalot, Amacine, Tassik ne sont pas épargnées, ces colonnes procèdent à des arrestations, des assassinats et des pillages des populations, sans distinction de leur appartenance tribale ou familiale (Ifoghas, Idnanes, Imghad, Taghat malat, Iboghilitan….)
How can we imagine the cohesion of a nation when its leaders call on foreign mercenary partners to systematically eliminate a portion of innocent citizens?
Car ce sont ces partenaires mercenaires qui sont sur des motos pour traquer les innocents et brûler les pâturages. Ce sont ces partenaires mercenaires qui sont dans les stations de pilotage de drones et d’avions de combat, ce sont eux qui donnent les instructions et dirigent les interrogatoires, ce sont eux qui positionnent les satellites pour contrôler la sous-région.
Pendant ce temps, nos surnoms « Panafricains » crient à la souveraineté retrouvée. Il me semble que le fossé qui sépare le nord et le sud du pays devient un gouffre difficile à combler.
L'Accord de paix et de réconciliation qui a modéré la situation pendant un certain temps n'a servi qu'à donner aux putschistes l'occasion de s'armer, de se placer sous une tutelle différente et de tourner le dos à la communauté internationale.
Amazigh July 10, 2024.